Après deux années de crise sanitaire, une période de 3 mois sans jouer et une autre de 8 mois, la sensation de jouer une finale de Ligue est très particulière. La saison a été un enchaînement de matchs contrastés avec des passages à vides et des passages fastes, des sursauts d’orgueil. Les matchs aboutis ont été rares, pourtant, la pièce est tout le temps tombée du bon côté : je gagne... mais jusqu’à quand cela va-t-il durer. Cette finale va répondre à cette question. Je vais vous la faire courte : cela aura duré juste avant le premier match.
Je suis opposé à Damien Queney, du club d’Épinal. Je mène la première moitié sans éclat, je sens que Damien n’est pas au pic de sa forme. Je me trouve sans solution devant de nombreux points, cela se présente mal, cela ne se place pas mieux, le jeu est compliqué. Je n’arrive pas à contrer une défense, encore moins attaquer et pas plus que défendre, je suis transparent. Damien revient sans fard, je fais ma distance en 63 reprises, le spinalien égalise. Voyons le bon côté, le match nul n’est pas rédhibitoire pour la suite. À côté, Sébastien Fourmet de Grauves confirme ses performances de l’année, certes, le jeu est ouvert, il enchaîne, il contrôle le timing de la 2 et à la fin, une partie solide en 39 coups contre Joaquim Nunes de Reims.
Justement, je joue contre le rémois. Je me prends une série de 6 dès le début. Je m’accroche comme d’habitude, cela reste compliqué mais je crois en mes chances, c’est une partie importante pour rester dans la course. Je ne sais pas quoi faire sur quelques positions, j’ai une phase de cinq reprises où moi-même, j’ai honte, je rate de plus d’un mètre la 3. Méconnaissable. J’essaie de me ressaisir, de temporiser, ça ne veut pas. Je perds 35-32 en 56 coups.
L’exploit du samedi, et de la compétition est la magnifique partie de Jean Haby, favori, face à Sébastien. Malgré le point de départ manqué et une entame poussive, le colmarien réalise une belle série de 11, construite à merveille, pause, et 7 de série, 2, 5 et 1, le tout en 21 reprises. Séb limite la casse avec 13.
Pas réveillé. Impeccable. Contre Daniel Wernert, je n’ai absolument pas l’impression de bien jouer, à un moment, je crois même qu’il y a un problème avec les reprises mais il n’y a pas d’erreur, je suis à plus de 1 de moyenne et Daniel suit. J’ai de nombreux traits sur la feuille de match, je fais trois séries de 4 et une de 5, ça équilibre. Le billard est mystérieux. Je fais une grosse partie sans sensation, sans me sentir mieux que la veille : 35-32 en 30.
Face à Sébastien, le cauchemar reprend. Pause 19-12 en ma défaveur. Je m’accroche... encore, je reviens avec trois séries de trois. Et à partir de là, le temps est long, très long. Je n’ai pas grand-chose, le jeu est ouvert pour Séb et pourtant il rate, encore et encore (tout comme moi, il passe au travers de la finale). Au moins une quinzaine de reprises assez dingue. Je gagne petitement : 35-34 en 67.
Dernière séance, dernier match de l’épreuve. Jean est assuré du titre régional, et moi, je peux me classer 2e avec un nul, ou conforter mon rang de 3e sans une moyenne catastrophique. Il y a 15-15, l’espoir est permis... pas très longtemps. Jean continue et me dépose au score, la marche est trop haute, je m’incline : 35-22 en 38. Suffisant pour garder la 3e place.
Jean a fait un sans-faute avec cinq victoires et 0,977 de générale, bonne continuation à lui pour la finale nationale à Chartres, cela fait peu de doute que le Grand Est sera très bien représenté.
Pour ma part, beaucoup d’attentes et beaucoup de déceptions, d’amertumes et de désillusions. Les déboires de mes adversaires lissent les miens grâce à une troisième place (0,625), c’était mon objectif d’être dans la première partie du tableau, dont acte. J’ai du mal à m’expliquer ce qui s’est passé, se plaindre de n’avoir rien à jouer me paraît facile, pourtant, j’en suis convaincu. Je n’ai pas baissé les bras, je me suis battu, et à l’arrivée, rien. Ma partie à 1,166 ne me console guère.
Weekend agréable dans le club de Colmar, billards tout aussi agréables, merci aux arbitres et surtout aux marqueurs qui ont dû mérite ; et mention spéciale à Antoine et Maxime Panaia pour leur disponibilité et sympathie, et mention spéciale supérieure à Michel Legay ;).